Mendoza, route des vins et mont Aconcagua
Après Bariloche et la région des lacs, un long périple de 18h nous emmène vers Mendoza, capitale internationale du vin.
A peine quelques kilomètres après notre départ de la capitale du chocolat, le paysage change radicalement.
Les lacs et les montagnes couvertes de forêts laissent rapidement la place à un paysage plus désolé avec ses sierras asséchées.
La vision qui s’offre à nous depuis le bus n’en est pas pour autant moins belle, bien au contraire !
Après une après-midi à découvrir une nouvelle facette de l’Argentine, nous arrivons à Neuquen et enchainons direct avec un bus de nuit vers Mendoza.
Longue et étroite bande de nature désertique, la région de Mendoza est une destination phare d’Argentine car elle réunit deux attraits emblématiques du pays : les Andes et le vin.
En effet, cette ville, située à la même latitude que Santiago mais de l’autre côté des Andes, est mondialement réputée pour la qualité de ses vins.
Et nous comptons bien en profiter après 4 mois d’abstinence.
En plein weekend de semaine sainte, nous nous installons dans l’accueillante auberge « Life House » et partons découvrir la ville.
On ressent rapidement l’influence espagnole avec ses places grouillantes, ses terrasses de café et son rythme de vie.
Difficile de se dire que Mendoza est en plein désert lorsque l’on voit toutes ces fontaines crachant eau et même vin.
Le système d’irrigation avec ses canaux longeant les rues est superbement développé et permet d’acheminer avec parcimonie les eaux provenant des hauts sommets andins.
Notre déjeuner en terrasse et notre premier diner nous prouveront rapidement que les vins locaux n’ont rien à envier aux breuvages français.
Et c’est donc avec « le vin à la bouche » que nous partons à la découverte des vignobles de la région dès le lendemain !
Et plutôt que de passer par une agence, nous optons pour la liberté et filons en bus local jusqu’à la ville viticole de Maipu.
Une fois sur place, nous louons des vélos et filons en direction des propriétés viticoles qui encerclent la ville.
Notre premier arrêt sera la Bodega Trapiche, une des plus célèbres d’Argentine.
La visite guidée est vraiment très intéressante et on y apprend de nombreuses choses.
Les premières vignes ont ainsi été plantées par les Jésuites au XVIème siècle avant que des colons européens (souvent italiens) n’apportent de meilleurs cépages au XIXème siècle, tels que le Merlot ou le Cabernet Sauvignon.
Aujourd’hui, le Malbec est sans conteste le vin argentin par excellence.
Nous avons d’ailleurs la chance de faire cette virée lors du « Dia Nacional del Malbec ».
De même, les Argentins ont longtemps été les plus gros consommateurs de vin avant que le marché ne s’effondre et que les français reprennent cette place qui fait notre renommée !
Des premières installations à l’ancienne gare ferroviaire qui permettait d’acheminer la production, nous nous baladons avec joie dans cette célèbre propriété avant de passer aux choses sérieuses : la dégustation !
Nous goutons ainsi plusieurs vins rouges et vins blancs tout en profitant de la vue sur le superbe jardin de la propriété, planté d’oliviers et gardé par les fameux lamas andins, les premiers observés d’une longue série !
Après cette première visite, nous reprenons nos vélos et partons déjeuner à la terrasse du « Beer Garden », où nous dégustons cette fois des bières artisanales accompagnées d’empanadas.
Le ventre rempli, nous partons ensuite à la découverte d’une exploitation d’olives, second principal produit cultivé autour de Mendoza.
Nous chevauchons entre les vignobles sur fond de montagnes enneigées et ressentons rapidement une incroyable fatigue, sans savoir si cela est dû aux vins engloutis ou à l’altitude de 2500 mètres.
Nous faisons également attention à ne pas trop s’égarer des chemins conseillés car la région est soi-disant assez dangereuse !?
Nous arrivons finalement devant « Entre Olivos » où nous découvrons de délicieuses huiles d’olive et autres mets savoureux (tapenades, confitures…) fabriqués de façon artisanale.
La dégustation se termine par des shots de liqueurs maison aux goûts variés.
Bouteille d’huile d’olive à l’ail en poche, nous reprenons notre route et finissons cette journée par la visite de La Rural, bodega fondée en 1885.
La visite guidée est tout ainsi instructive et nous y apprenons que des roses sont systématiques plantées près des ceps afin de prévenir d’éventuelles maladies et autres champignons.
Nous découvrons ensuite une exploitation un peu plus industrielle et surtout un passionnant musée.
On y observe une impressionnante quantité de matériel viticole antique, de l’ancienne presse à raisin en peau de vache aux ustensiles de laboratoire.
Notre dernière visite de la journée s’achève une nouvelle fois par une très bonne dégustation et nous utiliserons nos 140 pesos de droit d’entrée comme bon d’achat.
Nous choisissons un excellent vin blanc (déjà bu au moment d’écrire cet article) et un fameux Malbec (gardé au chaud pour l’arrivée du Padre au Brésil, si on ne craque pas d’ici là) !
Cette journée aura vraiment été radieuse entre succulents vins, vélos exténuants et soleil.
De retour sur Mendoza, elle se terminera même par une dernière dégustation devant une démonstration de tango en l’honneur du jour international du Malbec !
Le jour suivant, pas le temps de se remettre de tous ces efforts !
Nous partons à la découverte des imposantes Andes qui séparent le Chili de l’Argentine lors d’un tour organisé qui porte bien son nom : « Altas Montanas ».
Nous quittons aux aurores Mendoza en direction de l’Aconcagua, plus haut sommet d’Amérique avec ses 6962 mètres.
La route est somptueuse, longe un antique chemin Inca et nous fait traverser tout d’abord la pré-cordillera avant de faire une première escale à Uspallata, oasis de peupliers dans une vallée désertique.
Les montagnes polychromes qui l’entourent rappellent tellement l’Asie que c’est ici que Jean Jacques Annaud y a tourné Sept Ans au Tibet.
Nous reprenons ensuite notre chemin et faisons une nouvelle halte dans la minuscule station de ski de Los Penitentes, nommée ainsi à cause des pitons rocheux en forme de moines qui l’entourent.
Nous prenons de l’altitude avec le télésiège et pouvons apprécier pleinement la superbe vue sur la vallée et les montagnes alentours.
Nous sommes déjà à 3000 mètres et le moindre effort se fait rapidement ressentir.
Notre périple nous conduit ensuite au porte du Parc National Aconcagua et nous avons la chance d’apercevoir « Le Toit des Amériques » à l’horizon.
D’origine incertaine, son nom pourrait venir du quechua ackon-cahuac signifiant « sentinelle de pierre » ou du Mapuche acon-hue signifiant « qui vient de l’autre côté ».
Ce géant fut gravi pour la première fois en 1897 et on y découvrit en 1985 une momie inca à 5300 mètres, preuve que ces hautes cimes étaient un site funéraire précolombien.
Mais nous reviendrons sur cette coutume lors de l’article sur Salta !
Je dois avouer que nous avions initialement pensé faire un trek autour de ce monstre avant de se faire bien calmer par l’agence qui nous dit qu’un trek à 5000 mètres n’est pas à la portée de tous !
Nous continuons notre périple vers la frontière chilienne et prenons toujours plus d’altitude.
Après une montée angoissante jusqu’à 4000 mètres, nous atteignons notre destination finale : « El Cristo Rendentor de los Andes » qui fut érigé en 1902 à l’issue d’une querelle territoriale entre les 2 pays.
Le paysage a lui-seul vaut cette grimpette de 8 kms sur un chemin de terre durant laquelle l’immense vallée se révèle derrière nous tandis que les bus redescendant charrient allègrement les touristes qui montent.
L’air est plus que frais, le vent nous engourdit mais les immenses sommets coiffés de glaciers qui nous entourent sont majestueux et justifient l’effort.
Un chocolat chaud salutaire puis nous redescendons cette pente infernale, non sans en profiter pour apeurer à notre tour les minibus qui entament la montée.
Nous laissons derrière nous le tunnel « Los Libertadores » qui permet de rejoindre le Chili et rebroussons chemin pour s’arrêter déjeuner dans le village fantôme de Las Cuevas.
De retour vers Mendoza, nous faisons ensuite un arrêt face à l’impressionnante formation calcaire du « Puente Del Inca ».
Assez touristique, ce site accueille également un marché d’artisanat local où nous resterons un peu interloqués par ces souvenirs laissés sous la cascade calcaire.
Un dernier petit arrêt face à l’immense lac qui alimente Mendoza et nous regagnons le centre-ville à la nuit tombée après une journée éprouvante mais qui nous aura offert de somptueux paysages.
Nous passons ensuite notre dernière journée sur Mendoza à profiter de la ville et visiter ainsi les principaux lieux touristiques.
Nous commençons par une sorte de musée à ciel ouvert, présentant des œuvres éphémères en pleine rue.
Nous effectuons ensuite le circuit des 5 principales places de la ville, réparties telles le chiffre 5 d’un dé autour de la Plaza Independencia, sur laquelle se dresse un petit marché artisanal bien sympa !
On y trouve de tout et notamment ces fameuses tasses dans lesquelles 100% des argentins boivent leur « Mate de hierba » !
Nous apprécions également la beauté de l’église San Augustin, qui accueille l’idôle de la Virgen de Cuyo, sainte patronne de l’armée des Andes du Général San Martin, ainsi que les cendres des descendants de ce héros mendocino, qui libéra l’Argentine, le Chili et le Pérou du joug espagnol entre 1810 et 1816.
La journée se déroule à merveille : dernier déjeuner en terrasse puis coiffeur pour Cindy tandis que je mate la victoire de Paris en Coupe de la Ligue en direct du jardin de notre auberge de jeunesse.
La nuit tombe sur la ville et nous prenons un taxi en direction de la gare routière, où nous attendons un bus pour la Rioja, escale entre Mendoza et Salta.
Tout va pour le mieux mais cela va vite s’inverser….
Nous fumons tranquillement notre clope quand un mec fait tomber ses lunettes devant nous et continue sa route.
Étant des gens sympas, on le prévient et celui-ci parait étonné puisnous affirme qu’elles ne sont pas à la lui ! Vraiment chelou le gars…
2 minutes plus tard, je me rends compte que mon sac à dos a disparu !!!!
Pris de panique, je pars en courant dans la gare routière en pensant l’avoir oublié quelque part !
Très rapidement, un local me demande ce qu’il m’arrive, je lui dis que mon sac a disparu et il me répond qu’il est là en me montrant un homme ceinturé par un vigile.
Je confirme qu’il s’agit bien de mon sac et le voleur se prend direct gifles et coups de pied par le vigile et des policiers.
Autant dire que nous avons eu une chance de malade puisque je récupère mon sac avec toute ma vie à l’intérieur : passeport, CB, ordinateur, appareil photo…
Merci le vigile et merci la police !
Je pars faire une micro déposition, mais sans porter plainte puisque notre bus part dans 10 minutes.
Je retrouve enfin Cindy qui m’attendait sans nouvelles et complètement angoissée depuis 20 bonnes minutes !
Mendoza restera un très bon souvenir lors de ce périple argentin même si cela aurait pu se terminer en cauchemar !
Soulagés mais encore sous le choc, nous montons dans notre bus de nuit en direction de La Rioja mais il nous faudra plusieurs heures pour se remettre de ce gros coup de stress !